Considérée comme la capitale culturelle de Java, Yogyokarta a toujours démontré une effervescence en matière de création musicale, théâtrale et picturale.

Elle a revêtu le rôle de pouvoir central en Indonésie lors du règne des dynasties Sailendra et Sanjaya. La métropole javanaise fût également la capitale administrative de l’Indonésie pendant 3 années jusqu’au départ définitif des colonisateurs hollandais.

Résolument tournée vers la modernité et l’éducation, la ville possède de nombreux collèges et universités dont celle de Gadjah Mada, première université créée par l’Indonésie indépendante. Le territoire compte également dans ses rangs l’Institut indonésien des arts de Yogyakarta.

Bien que forte de son identité culturelle, Yogyakarta n’échappe pas à la spirale capitaliste.

Nous constatons, en empruntant les rues de Yogyakarta, que la symbolique visuelle de l’espace public tend à disparaître au profit de panneaux publicitaires pour l’immobilier, des malls commerciaux, des bureaux, des hôtels, des biens et des messages de propagande. Cette symbolique est pourtant un élément-clef de l’espace public permettant à l’habitant de s’identifier à une idéologie, une histoire, un lieu ou un quartier. Seuls quelques lieux comme le mémorial “Monumen 1 Maret”, symbole de l’attaque victorieuse des Indonésiens contre les Hollandais en 1949, ou le “Tugu Adipura”, construction à grande échelle du trophée récompensant le développement de la ville de Yogyakarta et remis par le pouvoir central, exercent encore cette fonction.

apotik komik

Un groupe de jeunes artistes, “Apotik Komik”, a décidé de réagir en 2002 afin de redonner à l’espace public son sens premier.

Ils ont, à cet effet, utilisé le street art comme moyen d’expression. Selon Michael Chin, l’introduction de l’art dans l’espace public est une excellente initiative pour le rendre plus confortable et agréable. Cette démarche, propice à la création de lien social, permet aux individus de s’approprier les lieux.

C’est ainsi que le projet “Mural Kota Sama-Sama”, approuvé par le pouvoir local, a pris forme.

Les rues de Yogyakarta se sont transformées en ateliers d’artistes à ciel ouvert mettant à contribution le collectif “Apotik Komik” et l’ensemble des habitants (hommes, femmes et enfants) fiers de pouvoir contribuer à l’identité de leur quartier.

Le projet a rencontré un franc succès et de nombreux murs ont été embellis.

Afin de donner une autre dimension à ce projet, les membres de “Apotik Komik” ont invité l’année suivante une équipe de grapheurs de San Francisco (CAMP) à réitérer l’opération sous le nom de “Mural Kota Sama-Sama – you are welcome”.

Ce second acte a eu un effet encore plus retentissant, déployant dans la métropole et ses environs une réelle ferveur pour le graphisme, poussant les médias à surnommer Yogyakarta : la ville du Street art.

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